Publié le 09.10.17
Jusqu’à la fin de la guerre froide, dans les années 90, le marché du spatial adressait exclusivement une clientèle étatique tournée vers des besoins de Défense. Aujourd’hui, on assiste à un double phénomène :
Cette situation conduit les industriels historiques du secteur à changer de paradigme et à fournir une offre en adéquation avec les besoins de ces nouveaux acteurs.Comme l’indique Victor Dos Santos Paulino, professeur à Toulouse Business School et responsable de la Chaire Sirius, le secteur spatial ne bénéficie pas encore des effets de cette dynamique émergente, il est entre deux époques :
“Il est difficile de faire des projections parce que l’incertitude est maximale. On devrait toutefois assister, dans les 20 prochaines années à une montée en puissance des acteurs commerciaux. Une fois amorcé, ce mouvement devrait durer plusieurs décennies. Mais, le secteur n’est pas à l’abri d’un faux départ, comme il l’a déjà vécu avec l’éclatement de la bulle internet, phénomène qui a fortement freiné les ambitions de croissance du secteur.”— Victor Dos Santos Paulino, professeur à Toulouse Business School, responsable de la Chaire Sirius
En 2016, le Sénateur américain, Ted Cruz, affirmait que les prochains multi-milliardaires seraient des opérateurs spatiaux. Les experts présents à la Matinale de la Recherche se sont accordés à confirmer cette prédiction.Domaine stratégique pour les Etats qui ont des ambitions de puissance dans le monde, le marché de l’espace est préempté par des acteurs issus de secteurs très compétitifs et concurrentiels. Leur dynamisme, conjugué à la volonté des Etats, permet donc d’envisager des perspectives florissantes.
“Le secteur spatial ouvre des perspectives considérables. S’il était besoin de démontrer que l’on a affaire à un marché particulièrement porteur, depuis l’an 2000, 400 sociétés ont été créées sur ce segment et plus de 35% d’entre elles ont levé des capitaux auprès de capitaux risqueurs.”— Lucien Rapp, professeur à l’Université Toulouse Capitole, directeur scientifique de la Chaire Sirius
Parmi les secteurs les plus porteurs, on trouve l’observation de la terre et en son sein, toute l’imagerie spatiale qui, associée au data-mining, permet l’exploitation des données issues de l’observation de la terre. Il offre un potentiel d’applications important et ouvre des marchés considérables.
Parmi les opportunités de croissance, on peut citer :
Dans le cadre de cette Matinale de la Recherche, Murielle Lafaye, Expert Prospective spatiale et Enjeux socio-économiques au CNES, Cédric Balty, VP Innovation chez Thales Alenia Space et Thierry Duhamel, Manager R&D et prospective chez Airbus ont livré leur regard de praticiens sur les perspectives présentées par Victor Dos Santos Paulino et Lucien Rapp.
Ils ont notamment mis en avant que la bataille mondiale pour ces marchés est déjà bien engagée : les Etats-Unis sont positionnés sur l’intégralité des segments d’activités dérivés du spatial. La Chine et la Corée du Sud sont des concurrents sérieux, avec une offre compétitive et réactive.Ils ont par ailleurs souligné que, si les nouveaux acteurs du secteur spatial, particulièrement ceux issus de l’économie numérique, convoitent des positions dominantes, ils se tournent inévitablement vers les acteurs traditionnels dont l’expérience permet de produire des satellites de façon compétitive et à grande échelle.
La vidéo de La Matinale de la Recherche « Un nouveau souffle pour l’industrie spatiale : modèle, opportunités et menaces » est disponible via le lien suivant : https://youtu.be/wYbCHDLelHQ
SIRIUS, « Space Institute for Researches on Innovative Uses of Satellites » est une chaire d’entreprise, fondée sur un partenariat public-privé original entre trois opérateurs majeurs du secteur spatial mondial (le CNES, Airbus et Thales Alenia Space) et deux établissements d’enseignement supérieur réputés pour leur expertise dans ce domaine : l’Université Toulouse 1 Capitole et Toulouse Business School.
Lucien Rapp, professeur à l’Université Toulouse 1 Capitole, assure la direction scientifique de SIRIUS, aux côtés de Denis Lacoste, directeur de la recherche à TBS. Sous leur égide, une équipe d’experts internationaux de haut niveau mène des travaux de recherche sur les défis juridiques et managériaux que posent les mutations de l’industrie spatiale. Jusqu’alors peu explorées, ces thématiques s’inscrivent parmi les priorités de la France et de l’Europe, mais aussi de la région Occitanie, au regard des 12 000 salariés, soit près du quart de la filière spatiale européenne, qui y évoluent aujourd’hui.
Quelques exemples de sujets de recherche :
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