[su_pullquote align=”right”]Par Delphine Gibassier[/su_pullquote]
Outil de communication innovant, le reporting intégré permet aux entreprises de mettre en lumière l’ensemble de la valeur – y compris extra-financière – qu’elles créent. Une aubaine pour les organisations ayant fait le choix d’intégrer le développement durable à leurs pratiques !
Une part de plus en plus importante de la valeur créée par les entreprises n’est pas intégrée dans leurs résultats financiers. Elles doivent donc se tourner vers des méthodes innovantes pour donner une image complète de leurs activités. Le reporting intégré remplit cette fonction et permet ainsi de mieux répondre aux attentes de l’ensemble des parties prenantes : clients, actionnaires, collectivités, ONG, etc. Et, puisqu’il implique une réflexion globale sur la création de valeur, il favorise également dans une meilleure intégration des pratiques du développement durable dans les stratégies des entreprises. Les entreprises ainsi reconnaissent le lien entre l’innovation des produits verts et la croissance de leur chiffre d’affaires (Philipps en 2010), aussi bien que l’impact négatif de licenciements sur la perte de mémoire collective de l’entreprise (AEP en 2011).
Le reporting intégré répond à un projet ambitieux relier la performance économique, sociale et environnementale et la gouvernance de l’entreprise : Un réel défi. Les équipes comptables ont également ainsi l’opportunité d’intégrer à leur analyse les enjeux du développement durable. La démarche ne va pas de soi dans la mesure où elle nécessite d’acquérir des connaissances en matière d’environnement et d’adopter un regard global sur les activités de l’entreprise. Il n’est pas toujours simple de compter du CO2 ou des litres d’eau à la place des euros ! Toutefois, de plus en plus de multinationales (Danone, Engie ou Unilever par exemple) ont compris qu’intégrer la problématique du développement durable dans leurs activités industrielles et commerciales était une des conditions même de leur croissance future, et même de leur survie. Pour elles, passer d’une stratégie environnementale à une comptabilité environnementale est alors logique. Elles invitent de plus en plus leurs parties prenantes (collectivités, ONG, clients, etc.) à participer à l’élaboration de leur stratégie, elles conçoivent et fabriquent des produits éthiques, réalisent des investissements durables, etc.
Pour piloter ces initiatives, les contrôleurs de gestion ont dû mettre en place des modalités de calcul adaptées. Le reporting intégré donne l’occasion d’aller plus loin en valorisant le capital social, environnemental et économique de l’entreprise. Cela commence généralement par un produit, une gamme de produits ou une région, puis la démarche s’étend progressivement à l’ensemble des activités. Le bénéfice est alors réel : le reporting intégré devient un instrument qui favorise la transformation des pratiques (production, marketing, RH, etc.), permettant ainsi d’améliorer le processus de création de valeur.
En Afrique du Sud, les entreprises sont légalement obligées de mettre en place un reporting intégré. Au Brésil, elles ne sont pas soumises à une contrainte réglementaire, mais à une injonction des marchés (pression des investisseurs). Dans ces deux pays, les bonnes pratiques et les retours d’expérience sont donc nombreux. Ils le sont moins en Europe, où rien n’oblige les entreprises à mettre en œuvre un reporting intégré. Le sujet a beau faire l’objet de recherches depuis 40 ans, un tout petit nombre d’entreprises (Novo Nordisk, Vancity, Natura) s’y était vraiment attelée avant la naissance de l’IIRC qui, depuis 2010, met de nombreux outils à leur disposition. Mais le large panel d’outils existants ne peut remplacer le travail de fond qu’elles doivent mener. Car l’idée de cette approche ne vise pas simplement à uniformiser les pratiques des entreprises grâce à des outils standardisés (de toute façon en évolution constante). Elle consiste également à refléter leur mode de création de valeur propre et leur business model unique.
C’est toute la particularité du reporting intégré : il est à la fois global (des entreprises du monde entier et de tous secteurs s’y engagent) et spécifique à chacune (car aligné sur leurs activités). Aussi, en Europe, bien que des groupes de travail existent sur le sujet, les entreprises ont tendance à imaginer leurs règles de reporting de façon isolée car c’est ce qui leur permet de montrer en quoi elles sont uniques. Au fil des années, les firmes les plus en avance sur le sujet ont ainsi pu développer des expertises spécifiques (par exemple pour comptabiliser les litres d’eau consommés ou tenir compte de leur impact sur des populations locales). Elles sont aujourd’hui fières d’avoir réussi à mettre en place une comptabilité environnementale performante avec des outils maison. L’IIRC ne cherche d’ailleurs pas à leur imposer de standard, elle adhère pleinement aux démarches innovantes de ces multinationales. Son ambition étant que le reporting intégré se développe dans le plus grand nombre d’entreprises.
[su_note note_color=”#f8f8f8″]Par Delphine Gibassier et l’article « IR, it’s like God, no one met Him but everybody talks about Him », de Delphine Gibassier, Michelle Rodrigue et Diane-Laure Arjaliès (à paraître).[/su_note]
[su_box title=”Applications pratiques” style=”soft” box_color=”#f8f8f8″ title_color=”#111111″]En Europe, aux États Unis et en Australie, les firmes qui s’engagent dans cette démarche le font de manière volontaire, parce qu’elles y voient l’opportunité de mettre en lumière l’ensemble de leurs activités tout en favorisant l’intégration des enjeux de développement durable. Les travaux observent depuis leurs tout débuts les entreprises pionnières dans ce mode de reporting, constituent une aide précieuse pour toutes les organisations souhaitant s’y engager.[/su_box]
[su_spoiler title=”Définition”]Le reporting intégré est un rapport concis qui mêle des données financières et extra-financières et qui vise à démontrer aux investisseurs, ainsi qu’à l’ensemble des parties prenantes, la capacité de l’entreprise à créer de la valeur d’une part et à maîtriser ses risques à moyen et long termes d’autre part. Le concept est promu par l’International Integrated Reporting Council (IIRC), une association internationale basée à Londres. Créée en 2010, cette association rassemble des entreprises pilotes, des investisseurs, des promoteurs de normes de reporting ainsi que de grands cabinets d’audit.[/su_spoiler]
[su_spoiler title=”Méthodologie”]Nous avons étudié la mise en œuvre du reporting intégré par une multinationale (nom confidentiel) qui participe au programme de l’International Integrated Reporting Council (IIRC). Les travaux s’appuient également sur sa collaboration avec l’IIRC et les discussions approfondies menées avec différentes entreprises qui, à travers le monde, cherchent à mettre en œuvre un reporting intégré.[/su_spoiler]