Philippe Chausson (ESC 75) est Président de Chausson Matériaux, la première entreprise nationale indépendant de distribution de matériaux (850M€ de CA). De 2007 à 2013 il a été Président de la Fondation Toulouse Business School après en avoir mené la première levée de fonds. Il revient ici sur les raisons de son engagement.
J’ai un parcours universitaire et professionnel assez simple. Après mon bac je n’avais pas vraiment envie de quitter ma ville, Toulouse, j’ai donc suivi une classe préparatoire puis intégré ce qu’on appelait encore Sup de Co Toulouse. Suite à cela j’ai effectué mon service militaire. J’ai un temps eu aussi la volonté de partir à l’étranger mais c’était plus compliqué qu’aujourd’hui, mes amis partaient surtout pour poursuivre leurs études et moi j’avais envie de travailler. J’ai eu un poste en entreprise à Toulouse puis j’ai travaillé à Paris dans une SSII. Je ne me suis pas vraiment adapté à la vie parisienne et en 1979 mon père a fini par me convaincre que je pourrais avoir une carrière dans l’entreprise familiale. A l’époque l’entreprise comptait 80 salariés, aujourd’hui nous sommes plus de 3700. Cela fait donc trente-six ans que je m’occupe de l’organisation, du management, des clients, des fournisseurs, de l’informatique et de la logistique. Je suis au quotidien dans le fonctionnement, la gestion et l’exploitation de l’entreprise, je suis avant tout quelqu’un d’opérationnel.
Mes études m’ont apporté beaucoup de culture générale sur toutes les matières enseignées, la comptabilité, le marketing, l’informatique et tout ce qui concerne la gestion opérationnelle.A titre personnel j’en retiens surtout une grande liberté d’esprit et de mouvement. Malgré le choc pétrolier de 1973, on ne se posait pas trop de question sur l’avenir car la conjoncture était favorable et on savait qu’on trouverait du travail. Cela nous rendait d’autant plus libres de nous épanouir à côté des études. Pour ma part, je faisais des tas de choses en dehors des cours, beaucoup de sport et notamment de l’aviron et du rugby. Nous avions aussi du temps pour les activités culturelles et la vie associative : nous étions au MIG , un ancêtre de la Junior Entreprise. Et puis bien sûr il y avait les moments passés ensemble à la cave et au Bar du Matin. Moi qui étais timide et réservé – je le suis encore un peu – tout cela m’a permis de m’épanouir en m’ouvrant aux autres. A l’époque il y avait quatre sections de vingt-cinq étudiants dans chaque promotion et nous avons noué de très grandes amitiés. Nous sommes une dizaine à avoir gardé un lien très fort et nous nous voyons encore tous les mois.
Enfin, ce qui est intéressant c’est que tous les étudiants ne venait pas de Toulouse mais que contrairement à aujourd’hui la plupart restaient à Toulouse y compris les Parisiens. Je pense que cette sédentarisation tient beaucoup à l’état d’esprit qui régnait à l’Ecole à l’époque. Globalement nous étions heureux.
Je n’ai pas eu de nouvelle de l’école pendant 30 ans et je m’en plaignais. Le projet de Fondation a permis à l’Ecole de redécouvrir ses anciens et notamment de se rendre compte que beaucoup d’entreprises toulousaines prospères étaient dirigées par des anciens de l’Ecole. Alors quand le Directeur de l’Ecole en 2007, Hervé Passeron m’a proposé de porter la création de la Fondation je n’ai pas eu le cœur de refuser car j’avais râlé pendant 30 ans de ne pas avoir eu de nouvelle de l’Ecole. Au travers de mon investissement dans la Fondation j’ai souhaité rendre autant que possible ce qu’on m’avait donné et appris à l’Ecole. J’ai bénéficié d’une vie agréable et confortable et cela me paraissait logique.
Mon investissement initial dans la Fondation fut au départ la promotion de l’entrepreneuriat. Je souhaitais intéresser les étudiants à l’opérationnel, à la construction d’un projet, à son management, afin de faire naître le désir chez les jeunes de monter leur boutique.Au-delà de l’entrepreneuriat j’ai souhaité participer au fonds social, qui permet à des étudiants défavorisés de faire leurs études à TBS, car cela me paraît une cause juste.
Je lui dirais si vous avez une idée, de l’énergie ou des amis avec lesquels partir sur un projet allez-y ! Etre complétement responsable de ses actes et de ses résultats c’est ce qui est le plus grisant dans ce que j’appelle la petite boutique, on a les sanctions et les bénéfices de son action et c’est très gratifiant !
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